Article du président du Conseil Français-Arméniens (CFA) Daniel KURKDJIAN, intitulé "La Diaspora Arménienne de France et son ardent besoin de réforme"

Article du président du Conseil Français-Arméniens (CFA) Daniel Kurkdjian intitulé "La Diaspora Arménienne de France et son ardent besoin de réforme" publié aussi sur le site de Nor Haratch La diaspora arménienne de France et son ardent besoin de réforme - Nor Haratch

 

La Diaspora Arménienne de France et son ardent besoin de réforme

L’heure est grave !

« Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles » disait Paul Valéry au lendemain de la 1ère guerre mondiale.

Dire que l'Arménie et l'Aménité sont en danger est un euphémisme.
Coincée entre de grands blocs hostiles : Turquie/Azerbaïdjan,  irrespectueux de leurs engagements : Russie- et au mieux neutre : Iran, l’Arménie peut disparaître.

La Diaspora, objet du présent papier, n'est pas dans une meilleure position.
Observons tout d'abord que la Diaspora n'est structurée - lorsqu'elle l'est- que localement et non globalement. Il n'existe pas de véritable organe de liaison entre les différentes diasporas nationales d’une part ni de vecteur de coordination entre ces diasporas et la République d'Arménie d'autre part.
La diaspora française qui  pensait faire partie des diasporas les mieux structurées, si ce n'est la mieux, a constaté à l'occasion de la guerre des 44 jours et à nouveau ces dernières semaines son état de faiblesses pour ne pas dire plus.
Il n'est pas question ici de nier les très  belles avancées et initiatives de la diaspora. Il est question d'affirmer que si sa structuration et son mode de fonctionnement étaient adaptés au monde d’il y a 20 ans, force est de constater que ce n'est plus le cas aujourd'hui et qu'une réforme en profondeur s’avère indispensable, pour ne pas dire vitale.
En premier lieu il convient de disposer d’une structure représentative des hommes et des femmes, mais aussi des associations et autres groupes qui composent cette diaspora. Et pour être représentatif il faut être le centre de l’union et non le ferment de la désunion comme ce qu’on observe actuellement.

Cela conduit à imaginer une structure ayant adopté une gouvernance démocratique, à l’abri de l’influence des partis politiques historiques dont la concurrence issue des querelles d’un passé dans une géographie qui n’existe plus conduit à l’inaction, ou au mieux à l’action dans laquelle la majorité ne se reconnait plus.


Et donc, la structure en question doit reposer sur des membres dont la réunion en assemblée générale élit un conseil d'administration qui lui-même élit un bureau. Une périodicité minimale de réunions de ces différentes instances et les règles de quorum et de majorité doivent permettre de prendre des décisions efficaces et représentatives de la volonté de la majorité. Ce n'est qu'à ces conditions qu'une telle structure peut revendiquer sa représentativité et se poser en interlocuteur du Président de la République et des pouvoirs publics, en se tenant bien sûr à l'écart de toute posture communautariste.

Dans un second temps, quand les évènements exogènes nous en laisseront le temps et qu’on disposera d’un recensement fiable et d’outils adaptés, on devra réfléchir à l’organisation d’élections démocratiques en vue de choisir nos représentants, comme cela a été imaginé il y a un bon moment mais que les oppositions politiques de l’époque, notre vieux démon, n’ont pas permis de réaliser.


Les objectifs de cette organisation doivent dépasser les seuls sujets liés au génocide, au négationnisme, à la Turquie et à l'Azerbaïdjan et embrasser tous les sujets liés à l'Arménité. Il ne s'agit évidemment pas de négliger quelque sujet que ce soit, mais bien au contraire d'en élargir fortement le spectre. Et il faut le faire en pleine collaboration et complémentarité avec les associations et autres organisations existant tant au plan national (FAF, UGAB, AAAS, etc..) que régional/local.
Une telle complémentarité permettrait de couvrir les sujets d’ordre :

  • Educatif : nombre d’écoles, niveau de l’enseignement, moyens financiers, etc..
  • Culturel: Sort du musée arménien de France, diffusion/mutualisation de la production culturelle etc…
  • Economique: intensification des relations d’affaires avec l’Arménie et au sein de la diaspora, etc…
  • Stratégique, défense, sécurité etc…
  • Social, humanitaire, social, financier, etc..

….en mettant en œuvre tous les moyens d'influence de l'environnement politique, institutionnel et économique : lobbying tous azimut, incitation à embrasser une carrière politique pour augmenter le nombre de députés , sénateurs, élus locaux représentatifs de la diaspora, etc….Il faut aussi intensifier la réflexion stratégique concernant l’Arménie et l’arménité dans des cercles de type think tank à même de faire émerger, extérioriser et publier  des idées nouvelles.

Nous mesurons tous l’intensité et les ravages à notre détriment du lobby turc et azéri. Il nous faut relever le défi et faire mieux.    

 

……….et enfin en se dotant des voies et moyens pour communiquer et faire entendre notre voix.

Dit autrement, cet organe représentatif doit avoir des objectifs de fond, un programme destiné à valoriser et faire briller l’Arménité en France. Il doit non seulement servir de lien entre les Arméniens de la diaspora mais aussi nous mettre en valeur et tenir notre rang dans la société française. Depuis plus d’un siècle les Arméniens ont parfaitement démontré leur fusion dans la société française et leur contribution au développement de la France. Inviter le président de la République à

un dîner annuel et organiser des manifestations lorsque l’Arménie est agressée est nécessaire mais loin d’être suffisant.

C'est ambitieux me diront les optimistes, alors que les pessimistes objecteront que c'est irréaliste.
J'affirme que c'est ambitieux. et réaliste si nous en avons la volonté et si nous nous en donnons les moyens,
Les moyens c'est avant tout des ressources financières et une équipe.
S'agissant des ressources financières on entend répéter en boucle que les arméniens ont le porte-monnaie serré. Ce n'est pas étonnant si les projets et objectifs qu'on leur propose ne s’avèrent pas à la hauteur de leurs souhaits. Un budget robuste, entre 1 et 2 Millions d'Euros, est nécessaire. Si un quart des familles de la diaspora donnait seulement 10€ par an cet objectif serait atteint. Il faut donc créer un Fonds Arméniens de France consacré aux besoins de la diaspora avec toutes la transparence et les sécurités garantissant la correcte utilisation des fonds collectés.


S'agissant de l'équipe, seuls des professionnels dédiés au fonctionnement de cette organisation, sous la supervision du conseil d'Administration, seront en mesure de délivrer les résultats que toute la diaspora est en droit d'attendre. Tout le monde connait les limites des organisations fondées sur le bénévolat, sans bien sûr nier les très belles réussites de certaines d'entre-elles ; mais à quel prix et avec une volonté et une abnégation qui ne peuvent durablement s'étendre à un projet aussi vaste, recouvrant l'ensemble de la diaspora.
Enfin cette nouvelle organisation représentative de la diaspora et ses dirigeants doivent clairement afficher leur solidarité avec l'Arménie .  Les faiblesses, pour ne pas parler d’échec, de la diaspora française que les évènements récents en Arménie rendent encore plus criantes, sont principalement dues à l’absence de prise en considération des besoins et modalités qui précèdent.  

Pour ceux qui suivent l'actualité de la Diaspora il n'aura pas échappé que la structure décrite ci-avant et la philosophie qu'elle traduit correspondent à l'ADN du Conseil Français Arméniens.  

Que ceux qui considèrent que l’arménité et l’organisation de la Diaspora sont en grand risque se mobilisent pour faire que les choses changent. L’avenir relève de notre responsabilité collective :  celle des jeunes qui bouillonnent d’idées et de dynamisme et qui oseront faire. Celle aussi de ma génération qui doit les encourager à prendre sa place.

Daniel Kurkdjian

Pour plus d’informations :

  • Voir le site du Conseil Français-arméniens : francais-armeniens.com
  • Adhésion en ligne sur le site
  • Réunion publique dans les semaines à venir

 

Daniel Kurkdjian

Président du Conseil Français-Arméniens


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